Lorsque nous passons le seuil de notre boucher, il est rare que nous aspirions à jouir de l’à-peu-près.
La démarche est sérieuse, et souvent, la faim heureuse.
À la vue de votre débiteur de bonheur, la responsabilité vous accompagne de faire de ce moment un rendez-vous facilitateur.
Le respect pour la corporation vous gagne alors, et vous décelez dans les yeux du cajoleur de bidoche la fierté, vous disant que vous vous trouvez dans le bon décor.
Si mesdames je vous dis alors que le plus dur reste à venir, j’imagine que vous aimeriez applaudir.
En effet, coller son groin sur la gourmande étale de l’artisan du bien devient un choix cornélien.
L’excitation est telle, que nous nous prenons pour un édenter au salon de la prothèse dentaire de Moselle.
Les différentes longueurs charcutières, étaient alignées avec autant de rigueur que les troufions au sein d’une caserne militaire.
L’éventail appétissant se transformait en arme contre le véganisme ambiant, mais donner du vague à l’âme à notre caste de gourmand.
Diable, que prendre dans ce présentoir à cochon pour mon plaisir plus qu’avouable.
L’homme au couteau aiguisé avait le tour de taille plus riche que le portefeuille, mais surtout la bonne idée de me susurrer que son chorizo me faisait de l’œil.
Quand on arrive à ce point d’intimité, Mykonos n’est plus un frein pour croquer la viande de porc sans rechigner.
Mettez-moi de ce pas ces divinités ficelées, c’est décidé !
Oh pétard, arrivé à la maison, nous découvrons ses formes aussi larges que polissonnes avec autant d’envie qu’un cubain pour un cigare.
Si nous avons du mal à imaginer un pratiquant montrer ses fesses durant la messe, nous nous autorisons à concevoir volontiers une mastique de la cochonne hostie faite d’ivresse.
En définitive, si je disais dans la rue que mon chorizo est appétissant, on me prendrait pour un danger. Mais lorsqu’il s’agit d’un boucher, on a envie d’en faire qu’une bouchée.