Dimanche glacé et érotique pour moi ayant passé une bonne partie de mon jour du seigneur à sucer ce que je pouvais croiser sous le museau. En effet, cette envie me suivait depuis mon lever et je ne pouvais que la combler sous peine de frustration exacerbée. Comme chaque dimanche matin, ma compagne de la campagne Ardennaise me demandait où pouvions-nous aller gaiement se restaurer. Croyez-moi que la gredine préfère comme moi une table près de la fontaine que les fables de ce dernier. C’est ainsi qu’un fougueux « brainstorming » commençait, entre son appétence récurrente de m’amener bruncher et le mien de la combler de boudin. Le couple étant fait de compromis à répétition, je laissais volontiers mon idée carnassière tout en lui expliquant pour ma part que j’avais déjà petit-déjeuner, et que de ce fait je souhaitais déjeuner en paix. La différence pouvant être une force, notre discussion finissait d’une bien belle manière, débouchant sur la volonté de déboucher du blanc autour de coquineries iodées et autres mixtures marinières. Nous prendrons donc la route du sud de la côte Landaise, moins belle que la Nord du Pays Basque, mais suffisante pour se sentir à l’aise.
Le plus compliqué quand on aspire à gober du mollusque est le choix de sa tenue. Si comme moi vous ne savez pas filtrer la marée sans vous tacher, oubliez la tenue blanche au profit d’un look de croque-mort, qui vous fera sûrement passer pour un satanique mais qui ne vous fera jamais de tord une fois l’aquarium comestible devant votre tunique. Et puis au final, l’important est que vous sachiez que la Métal n’est pas de la musique mais des matériaux dont les atomes sont unis par des liaisons métalliques. Le reste…
Le petit Gascogne frais de pré-agape nous ouvrant l’appétit, l’heure était au choix de la réjouissance que nous allions gueuletonner sans mépris. La carte des fruits de mer ressemble à une élection municipale dans mon village tant il y a du choix. L’important dans les deux cas étant de faire le bon. Ma gambas d’origine Italienne (A trop dire qu’elle est Ardennaise je me fais engueuler après) me suggère la prise du tourteau après celle de la pastille, ayant la gorge qui depuis hier frétille. J’ai depuis longtemps une affection pour le crabe, dont j’aime démembrer les pinces avec minutie. C’est donc parti !
Le crustacé habituellement marchant en pas-chassé arrivait au repos sur une plage glacée. Le marin avait la prestance de quelqu’un qui a l’habitude de pincer ses copains, en oubliant qu’il allait se faire visiter de mes deux mains. L’archéologue des mers que j’étais se languissait d’utiliser ses outils pour démarrer les succulentes fouilles. J’en reviens à mes agissements d’aspirations de ce début de chronique, dont les bruitages auraient aisément justifié une panique. Je consommais mon met en faisant le bruit d’une vieille hôte qui a du mal à tourner ! Aussi, l’inconvénient quand on rousique ce genre de choses, et qu’il faut impérativement un vase à côté de soi en guise de déchèterie nautique. Il n’est donc pas forcement judicieux de proposer d’aller licher à une demi-douzaine de sumos quelques céphalopodes, sous peine hélas de manque de surface. Heureusement ici, nos deux gabarits permettent la suçote facile et agréable.
Etant sur la fin de l’ouvrage de mon festin, une pensée unique flottait soudainement au-dessus de notre tablée, le désir de se laver les mains ! Autant quand je remballe après l’urinoir ce n’est pas une priorité, mais quand je prends la marée en intimité cela devient une nécessité. De plus, je refuse depuis ma naissance d’utiliser les rinces boudoir citronnés, synonyme pour moi de puanteur assurée. Le bain de mes membres supérieurs se fera donc au lavabo, avec la satisfaction en me regardant dans la glace d’avoir gobichonné celui qui a fait tant de mal aux enfants entre les rochers. Mais avant toute chose, ma véritable fierté du jour fut de transformer l’initial désaccord matinal en idéal déjeuner entre tourteaux…
