Nous étions vendredi, et le soleil brillait bien plus que l’arbitrage du faible Monsieur Turpin. Sur les coups de midi, errant en ville comme un chien à poils courts, je décidais d’aller me sustenter d’un pas pressé, avec un désir grassouillet et non de boulgour. Aimant de plus en plus ma compagnie, le déjeuner ne promettait aucune grande tablée, puisque sur le pouce seul, j’allais gobichonner. Mais tout de même, étant aussi prévoyant qu’un analyste météorologique, je passais acheter la littérature jaune, j’ai nommé le Midi Olympique. Quel plaisir de faire marcher la mastique, en s’abreuvant d’informations sur le ballon ovale. Vous avez déjà essayé ? Fantastique.
L’idée était claire dans ma tête, concernant le marchand de calories que j’allais visiter sans faire le trouble-fête. Le but unique de mon passage chez ce flibustier serait de me régaler, et d’apporter la joie que je ne partagerai pas avec un compagnon de becquée. Je me dirigeais donc vers un coquin recoin, où un fougueux Bigourdan venait d’installer sa modeste cuisine, mais paraît-il, d’une franche qualité. Une dinette tout en long, épousait ce jeune homme plein de passion. Les quelques tables extérieures, baignées par une soudaine chaleur, attendaient que je pose mon croupion assurément. Les polissonnes se battaient même avec ardeur… D’ailleurs, savez-vous ce qu’est un bigourdan ? C’est in fine un berger qui aime le chant et le cochon. Diable, espérons que le tenancier me chante le bon et ne me serve pas comme un vulgaire goret. Je ne suis pas Charles III, mais il faut quand même me respecter.
J’avais ouï dire que le Gascon n’était pas un gars con, et qu’il faisait des burgers bien ficelés, avec un certain métier. Je m’avançais donc avec la certitude de croquer avec sincérité dans ce fameux sandwich sans turpitude. Aussi, le bougre me vantait les produits utilisés, sourcés ultra localement. En même temps, le sapajou ne me dira jamais que le fromage de brebis provient de l’Antarctique, ou que la viande dépend des profondeurs du lac Léman. Pas de panique mes divins esturgeons, aucun mensonge à l’horizon, tant le blase des fermes aimantes, aimante la devanture de cette nouvelle aventure. L’heure était dorénavant à l’assise, en attendant le burger de la semaine. Pour patienter, je prévoyais de faire couler une limonade artisanale dans mes veines. Glou glou.
Nom d’une pipe en bois d’acacia, quelle beauté arrivait alors devant moi ! Je devinais d’un coup de rétine que la gamelle jouait dans la cour des gredines. Mazette, tel un samouraï asiatique, l’ami pyrénéen avait tranché ma proposition orgasmique. Je peux vous dire mes farouches asticots, qu’il n’est obligatoire d’être géologue pour admirer des strates avec adoration. Lui et moi allions commencer une bachata à l’unisson. Les premiers coups de canines furent impactants, tant mon appétit était dévorant. Le mélange des saveurs en bouche me rappelait les plus grandes parties fines du Languedoc, où la qualité était suggérée, mais la quantité demandée. Le steak saignant, arrivait à point nommé pour faire danser mes papilles sur un air endiablé. La sauce maison m’importait peu d’où elle naissait, grâce à son goût d’achevé. Les frites, délicieusement croquantes, jouissaient de deux piscines pour les napper. J’adorais alors accompagner ces longueurs d’amidon au parc aquatique, en leur tenant la chique. Plus mon plat se consumait, et plus mon bec salé me disait que je me trouvais dans le bon quartier. Un café ? Oui mais sans sucre. Je suis comme un Coréen du nord, au régime…
Si pour certains, la découverte passe par une traversée de la planète, il n’en était rien ce midi. Franchir la Nive me suffisait à constater qu’un mausolée gourmet soumettait des burgers, dont seul un végan aurait peur. Imaginez en plus que le vermisseau va se lancer dans la production de son propre pain brioché. On a envie d’y retourner non ?
