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Epicurisme autour de la queue de lotte

Julien Fournier

Mon poisson, je te prends tellement peu souvent que tu crois que ton nom rime avec poison. Je t’en supplie, ne pense pas cette idiotie.

Il est vrai que mes envies sont généralement absorbées par ce que la terre produit. Sache tout de même que je n’oublie pas les bienfaits de tes nageoires embellies.

Je t’ai proposé dimanche dernier de faire un bout de chemin à mes côtés. Et bien ma lotte, tu m’as comblé.

Face à moi, ta fraîcheur a fait du bien à ma torpeur du quotidien. Ta chair ferme, me promettait de rassasier ma faim jusqu’à son terme. Que dire de ton goût aussi fin qu’un anorexique mannequin. J’aimais cela et tu le savais déjà.

Je t’imaginais faire la fière dans les bas-fonds de ta rivière, avec la grâce d’une belle Andalouse cavalière. Je te promets que la scène avait belle allure, et que devant toi ma fourchette battait correctement la mesure.

Ta queue dressée devant mes yeux ne pouvait laisser de marbre aucun bienheureux. Tu étais tranquillement sur ton nid de nouilles, pendant que mon ventre criait gargouille. Il me suffisait alors de murmurer à ton sommier, pour que dans ma bouche tu trouves un meilleur oreiller.

J’espère que dorénavant tu crois en ma bonne foi, quand te choisir n’était pas une loterie. Ma lotte, simplement te dire merci.

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