Menu
Retrouve moi aussi sur

Votre plume gourmande

Edit Template

Epicurisme autour des cuisses de grenouille

Julien Fournier

C’est un emblème de la gastronomie française que j’avais littéralement honoré de ma belle mastique l’autre jour, museau en tête-à-tête avec un soleil qui ne faisait pas de la chaleur un calembour. Je commence à en avoir gobichonné des denrées, mais celle-ci était encore vierge de mon palais ! Aussi, l’émotion fut forte lors de ma prise de commande, puisque j’étais depuis longtemps à la recherche de pouvoir jouir de ce traditionnel de la popote hexagonale. Enfin ce midi-là, j’allais pouvoir faire baigner de bien-être mes amygdales.

Laissez-moi en préambule faire un parallèle bienveillant avec mon oncle cycliste, aux coups de pédale assurés et aux jambes soigneusement rasées. Je ne sais pas si vous avez de près ou de loin côtoyé un cuissot d’avaleur de bitume, mais le membre est musclé, faisant de ces athlètes du dimanche des hérons des temps modernes. Mais à l’instar de mon repas fantasmé, le sportif se déguste-t-il avec les doigts ? Car oui mes daurades royales, la divine persillade allait maculer mon auriculaire afin d’être certaine de me plaire. Vous vous êtes déjà fait maculer, vous ?

On m’avait prédit une viande blanche et délicate, que l’on combattait rigoureusement en suçotant les frêles ossements. Savez-vous que les moines, déjà à l’époque, faisaient des amphibiens un incontournable de leur régime ? On peut vivre dans le silence et se mettre énergiquement des grenouilles dans la panse ! C’était donc le grand jour, où je ne ferai qu’un avec les cuisses de batraciens. J’avais totalement conscience que je m’apprêtais à accuellir, sur mes papilles, un mets refusé par les douillets des sens. Diable, lorsque je mis un coup de rétine sur mon assiette se trouvant sous mes naseaux, la perspective de mon droit de cuissage devenait concrète. L’asticote m’accompagnant lors de ce déjeuner dépucelé me conseillait de me retrousser les manches, connaissant mon appétence pour les taches chaque dimanche. Les habitantes des mares étaient alignées avec la régularité d’une bande de troufions au sein d’une garnison. Comme convenu, un alléchant pédiluve de persillade apportait le relief nécessaire aux vigoureuses gigues des raines. Plus je consommais mon entrée, et plus l’astre solaire faisait réfléchir le gras autour de mon bec salé. Les voisins se munissaient alors de lunettes, afin que je ne les éblouisse pas de ma grasse !

Cuisses de grenouille

Lorsque venait le temps de partager mon sentiment de cette première fois, je répondais simplement que ce fut un moment d’une franche joie. En elle-même, la grenouille a besoin d’un supplément d’âme pour ne pas être aussi fade que quelqu’un qui dit tout le temps oui. Mais le traditionnaliste que je suis, mes fraîches limandes, souhaite dorénavant croiser autant de cuisses galbées lors de mes croûtes, que le dimanche matin, sur les routes.

Chroniques épicuriennes

Ton espace de convivialité

NAVIGATION

Liens Légaux

Retrouve moi sur

Site réalisé par Aranea