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Epicurisme autour du partage du samedi soir

Julien Fournier

Les mammifères ayant l’habitude de me lire savent parfaitement qu’un de mes mots préférés est le partage. Et même si je trouve de plus en plus de sens à m’exprimer seul devant une assiette, le résultat se caractérise souvent par l’absence de bidonnage. Alors oui, je continuerai à explorer solitairement et passionnément les terroirs de nos paysages, mais je mettrai toujours un point d’honneur à trouver un ou une alliée afin que la fortune commune ne soit pas un mirage. N’y a-t-il pas un plaisir délicieux à dire à son prochain qu’il a un bout de merveilleux entre les dents, ou bien simplement le regarder se délecter bonnement. Diable, comme dirait mon ami Skipper, j’en ai la chair de houle !

En m’embarquant, l’autre jour, dans une soirée pluvieuse luzienne, je savais que je n’allais pas retrouver la frénésie d’un printemps ensoleillé de Sienne. Le mois de janvier est un creux, qu’il faut se rendre le moins possible frileux. La passion de certains pour les sports d’hiver les emmène sur les pistes de ski, quand d’autres comme moi préfèrent glisser leur museau vers des alléchants tataki. Si je vous parle de cette spécialité des cuisines japonaises, c’est bien qu’une nouvelle adresse gourmande m’avait mis à mon aise. Je me devais de tester absolument cette carte où le communisme alimentaire avait tout pour plaire. Peu de plats, mais beaucoup de pas vers les coquineries gustatives à mettre au milieu de la tablée. Il y en avait pour les becs marins, les terriens, et désolé mes asticots, je ne me souviens plus concernant les végétariens. L’homme au carnet arrivait alors pour noter nos désirs salés ! Ma cigogne à lunette, c’est le moment de faire un plouf-plouf des plus chouettes.

Nous n’avions pas perdu nos moyens, et nos mains n’avaient pas tremblé lorsqu’il s’agissait d’élire des espiègles croquettes au jambon, un coquin tataki de thon, et des œufs mayonnaise habillés d’un croustillant noisetier. Les saveurs ne dansaient pas encore avec nos papilles, que les assiettes étaient dignes d’une production qui brille. Ce choix du roi permettait à chacun de suivre son chronologique chemin, avec pour ma part, un initial coup de fourchette divin dans le poisson tranché fin. La purée de wasabi venant instinctivement me réveiller le gourdin. Mon accompagnatrice optait pour épouser de sa main la sphère ibérique, avec la délicatesse d’une bijoutière canonique. Elle croquait, elle approuvait, puis la margouline remettait un grain de canine. Nous débattions sur la qualité des mets avec la conviction que nous avions raison d’accorder nos violons. Alors que l’envie de dessert pointait le bout de son nez, il ne fallait tout de même pas mettre la charrue avant les œufs.
Partage du samedi soir

La soirée se consumait trop vite, comme la cigarette d’un stressé sur orbite. J’avais quand même eu le temps de palabrer avec le couple de tenanciers, afin de leur exprimer mon respect. Une humilité qui n’a pas le nom de bistronomie, mais le style, sans contredit. Dehors, il pleuvait en continu encore et encore, mais nous étions heureux d’accord d’accord.
Merci pour ce moment.

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