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Epicurisme autour du cassoulet

Julien Fournier

Comment accueillir une invitation à une soirée cassoulet si ce n’est en rassurant les éoliennes que ca va venter dans les contrées ! Me disant de plus en plus qu’il n’y a pas de hasard dans la vie, j’appréhendais cette convocation avec la conviction que ma place était ici. Je ne connaissais pas les hôtes du soir, étant une pièce rapportée à la divine sauterie. Néanmoins, j’avais vite compris que les chenapans avaient le verbe plus fleuri que le jardin, ce qui me rassurait grandement, ayant la main aussi verte qu’un grisonnant citadin. Et puis, être réunis par un couple toulousain à bâfrer la cassoule était d’une logique implacable. Ne seriez-vous pas rassurés d’être sollicités par un couple d’Inuits pour construire un igloo ? Et bien moi si mes zoulous !

J’entendais parler de ce fleuron de la table occitane depuis déjà quelques semaines, avec la glorification du tour de main de la maîtresse de maison. La gredine semblait gratiner la proposition avec la générosité d’un donateur du téléthon. Diable, à force de me mettre l’eau à la bouche, je comptais me sustenter de ce légendaire plat à coups de louche. L’impatience de rencontrer ces propriétaires de saveurs, résidait aussi dans l’histoire de cette gamelle de chaleur. La querelle est forte afin de connaître l’origine du cassoulet, trois villes se tirant de belles cartouches dans les pieds. Toulouse, Carcassonne et Castelnaudary proposent autant de compositions afin d’accompagner les haricots blancs de cajolerie. Ainsi, en voyant ce soir-là la saucisse se pavaner aussi majestueusement qu’un fumeur de saumon dans les rues d’Helsinki, j’ai saisi que nous voyagerions dans les quartiers de Big Flo et Oli.

La soirée était entamée et la convivialité se dégageait de chaque pore de la maisonnée. Lorsque je fus convié à mettre un coup de rétine dans le four afin de me faire une idée de la réalité, je tombais nez à nez sur une étendue de gourmande perversité. Je me sentais obligé de demander à la marmitonne si nous attendions un bus d’Ukrainiens affamés. Rien de tout cela, puisque nous étions cinq à dévorer… Le foie gras à peine gobichonné suffisait à me rendre à l’évidence que je serai le plus gros glouton de la soirée. D’ailleurs, lorsque la repasse arrivait sous mon nez, la popotière ne s’était pas gênée pour me déposer dans l’assiette une véritable pyramide de savoureuse denrée. La dentition profonde commençait à baigner, le nombril se rapprochait de la nappe cirée, mais la cadence de mastique continuait à se faire en toute dignité. Vous prendriez du fromage ?

Quel bonheur de passer un moment sympathique avec des gens préférant le confit que le conflit. Nous pouvions finir notre flacon de rouge confortablement avec le dessert, en nous promettant de nous revoir vite, encore une fois d’une manière sincère. Évidemment, nos ventres gonflés promettaient un concert d’instrument à vent, que nous souhaitions mon acolyte et moi, le plus intimiste possible. Comme on dit au Népal, le moine en fuite n’échappe pas à son monastère. Alors merci les voisins pour ce souper, et maintenant, c’est musique cachotière.

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