Menu
Retrouve moi aussi sur

Votre plume gourmande

Edit Template

Epicurisme autour du tajine de coquelet, olives et citrons confits

Julien Fournier

Battons le verre tant qu’il est beau ! Enfin continuons plutôt de le remplir de souvenirs qui font plaisir, avec cette seconde chronique sentant bon le parfum d’Afrique. Outre le fait que ces quelques jours au Maghreb m’ont fait un bien fou pour dissiper quelques points flous, ils m’ont surtout permis de m’émanciper de la cuisine bistrotière, celle qui d’habitude allume à merveille ma chaudière. M’éloigner de l’os à moelle, m’écarter de l’andouillette, mettre de la distance avec les escargots, procure le même bienfait que de se retirer devant une personne vous ayant repoussé. On n’oublie pas le goût, mais on ravive les autres plaisirs de partout. Diable, que le Maroc regorge de trésors, qui bousculent vos estomacs assez fort. Et si je vous disais, mes belles truites, que l’agneau du lundi laissait la place au tajine du mercredi… Salivez-vous comme cela n’est pas permis ?

Sorte de ragoût cuit à l’étouffée, mon bonheur du soir était composé d’olives, de citrons confits et de coquelet. Si les origines de ce plat iconique du soleil sont identifiées marocaines, berbères ou même iraquiennes, mon souper du soir résiderait bien dans ma bedaine. Il promettait d’être délicieux ce tajine, tant l’endroit du festin était habillé avec ses plus beaux escarpins. Lieu somptueux de Marrakech, il rayonnait à coup sûr devant les yeux d’un décorateur d’intérieur, comme un jardinier jouirait devant une bêche. Il fallait le voir, le Mick Jagger du désert, nous faire un solo envoûtant au bord de bassin désert. Les conciliantes notes charmaient nos appétits, pendant qu’un ami aussi chauve que le Mont Ventoux commandait un vin d’ici. Et oui mes élégants mulots, les filles et fils de l’Atlas font du pinard, avec il faut le dire, quelques belles différences entre les différents nectars. Que vois-je alors au loin arriver, mon ramequin de semoule avec mon argile garni de vitamine D. Tâchons de ne pas nous tacher.

L’inhabitude d’avoir devant mon groin ce plat de cuisson large, peu profond, surmonté d’un couvercle conique en terre cuite, rendait le moment d’une authenticité fantastique. Gobichonner un tajine au Maroc s’apparente à profiter d’un ceviche au Pérou, ou d’un saumon dans la banlieue d’Oslo. Nous étions bien les acteurs d’un film réel, profitant de mets solennel. À peine ma première bouchée de semoule dans le clapet, que je souhaitais exprimer mon enchantement devant ce moment. Mauvaise idée, puisque mon voisin de tablée fut attaqué par des grains légèrement mâchés. Mazette, je serai vigilant lorsque la sauce dansera dans mon bec. En parlant de l’oiseau, celui-ci avait décidé de faire son nid à côté de l’oliveraie, formant un ensemble harmonieux à faire bander un paysagiste chevronné. Ce Gallus domesticus accueillait les agrumes confits sur son toit, eux-mêmes semblant chercher la parole d’Allah. Problème, les deux citrons ne regardaient pas dans la même direction, rappelant un couple au bord du fatal dénouement. Ne vous inquiétez pas mes asticots, pendant ce temps-là, la semoule continuait à faire gonfler ma boite à prout avec une grande maestria. Un dessert ? Toujours pas.

Aziz nous attendait déjà dans son taxi abondant de chaleur et de convivialité, lorsque nos corps sculptés par l’atmosphère marocaine se traînaient sur le perron du gourmand cabaret. Nos buffets marchaient devant nous, et nos têtes suivaient de plus ou moins près. Je vous concède qu’à cette minute-là, il serait logique de ne pas me tarder l’omelette matinale au fromage. Oui, mais il y a un élément que vous n’avez pas, les œufs seront cassés par Bouchra. Et ça…
Chroniques épicuriennes

Ton espace de convivialité

NAVIGATION

Liens Légaux

Retrouve moi sur

Site réalisé par Aranea