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Epicurisme autour de la caille et gratin dauphinois

Julien Fournier

Oh nom d’une pipe en bois d’acajou, quel délicieux moment m’avait fait jouir dimanche dernier, mes sapajous. En effet, j’avais réservé dans un de mes endroits préférés, où qualité et convivialité jonglaient avec gloire et beauté. Le jour du Seigneur se doit de ressembler à du réconfort, une bulle de douceur dont l’estomac serait le cœur. Et cela, je l’avais bien compris au moment d’inviter mon accompagnante de bonheur. Il m’avait suffi de lui exposer mon respect face à cette auberge pleine de prospérité, pour qu’elle puisse acquiescer nos envies de bien manger. Je ne comptais pas la décevoir, tant je mettais auprès de mon ami restaurateur, de l’espoir.

Nous étions attendus dans un lieu inimitable, que j’aime nommer espace de vie pour gens respectables. Il suffisait d’entrer dans cet antre chauffé, pour voir directement les volailles sur leurs broches, se pavaner. L’odeur qui se dégageait de cette rôtisserie bénite, mettrait même en appétit un asexué devant un futur coït. Diable, que l’air ambiant faisait ressortir mes sentiments ! Je ne vous ai pas encore dit mes souriceaux, mais quelques tables se dressaient devant moi comme une vigoureuse verge grecque devant un coquin amant. À table ma gourmande, le popotier nous apportera ce que tu demandes.

L’adresse du crime imitait assurément un bouchon lyonnais, avec sa chaleur caractérisée. De la quille en exposition sur les boiseries, en passant par la cochonnaille pendante comme les figues de mon papi, l’écrin était propice à un rassurant festin. Mazette, une envie d’oiseau migrateur me parcourait l’échine comme cela n’était pas permis. Il fallait que j’assouvisse cette pulsion de gibier afin de ne pas me retrouver frustré. Le tenancier de ce poulailler avait à la carte une caille, véritable aubaine pour ma bedaine. Servie avec de jolies murailles de gratin dauphinois, la viande venait de vivre une cuisson affectueuse avec émoi. Je ne vais pas vous mentir mes élégants mulots, comme à la frontière, il faudra y mettre les doigts !

La friponne me faisant face, elle, optait pour un magret de canard. La bougresse ne les aimait pas seulement dans les étangs, les pattes palmées… Surtout quand le flotteur est badigeonné d’un miel satiné. Son franc coup de fourchette se confondait en aveu merveilleux, me rendant triomphant dans mon espérance de vecteur de saveurs. Mon plaisir n’était en aucun cas dissimulé, et forcement décuplé en léchant mes boudoirs salés. Parce que vous pensiez qu’une caille s’enfonçait dans le gosier avec de l’argenterie n’ayant pas de prix ? J’ai toujours chéri de proposer au gras mes phalanges comme lit. Ainsi, je suçotais énergiquement l’ossature de ma monture afin d’aspirer les moindres aspérités. Les amas se formaient entre mes dents, pendant que le gratin fondait inévitablement. Nous parlions avec la divine à frange de vin, de partage, de copains, de cons aussi, et Allah sait qu’il y en a un paquet sur le marché ! Malheureusement, plus que de bons poissons pêchés. Bref, la sieste approchait, mais il fallait avant s’incliner devant la pression du sucré. Patron, une crème brûlée avant de te faire une bise appuyée !

Plus nous craquelions la paroi de ce diabète en ramequin, et plus je me disais que j’étais en train de perdre ma taille mannequin. Mais au fond, pourquoi la garder ? Pour plaire à de la superficialité trop maquillée ? Peio, peux-tu nous rajouter une pommade et deux cafés. Merci pour ce moment que l’on espère réitérer…

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