Si les cyclistes craignent les contrôles inopinés, j’aspire pour ma part à rencontrer des embuscades inattendues, et arrosées. Est-ce que cet amour du guet-apens vient de ma passion pour les faits divers ? En tout cas n’étant pas berger, le piège à loup n’a jamais été un coupable péché. Partir sur la ligne de front, en clamant à votre entourage que vous ne ferez qu’un piètre tour malheureux, est une divine sensation, mêlant coquin mensonge, et à soi, légère trahison. Et que dire de la promesse faite sur la route d’une nébuleuse destinée, qu’aucune cigarette vous n’embrasserez. Quelques heures plus tard, encrassé comme un vieux Diesel, vous chanterez faux sur du Sacha Distel. Si on vous traite à ce moment-là de sombre personnage, répondez aux belliqueux qu’ils n’ont pas encore vu vos poumons sur image.
Une souricière festive ne se gère pas. Chaque minute de ce rassemblement accidentel doit être aussi galopin qu’un arrachage de dentelle. Il faut des miettes partout, des cendriers aussi pleins que mon cousin au mariage de son père, des lèvres tendant sur un violet incontestable, et un mec racontant des anecdotes insupportables. En somme, ce genre de rencard nécessite de la vie sans calcul, et pas des comportements de façade crédules. Puis-je roter afin de te témoigner de mon amour avéré ? Une réponse positive permet à l’assemblée de se réchauffer, et à moi, d’évacuer. C’est aussi ça les occasions raffinées. Pas encore taché, je me devais de bientôt passer à table pour remédier à cette trop grande propreté.