Si je m’engageais, mes doux souriceaux, à poser mes mots sur un boudin/purée sans allusions douteuses, je risquerais forcement de vous décevoir. Vous, mon précieux auditoire. Alors, je vais tenter de vous raconter mon expérience bouchère, avec la décence d’un gardien de cimetière. Aussi convexe soit-il, je me m’aventurerais pas non plus à imager une quelconque friture de style. Si le Texan l’a à la ceinture, mon calibre du mercredi midi attendait simplement mon embouchure. À table mes asticots.
Le blanc frais, tapissait mon intérieur d’un léger fruité. Il permettait surtout de patienter convivialement, en attendant que notre table soit dressée. Je ne me sens jamais pressé dans ces moments-là, contrairement à l’orange accompagnant le Banania. Tenant mon verre avec la poigne d’un altermondialiste devant un loufoque combat, je ne pouvais m’empêcher de mettre quelques coups de rétine sur l’ardoise énumérant les choix. Diable que vois-je, la possibilité de gober un cochon pataugeant dans une brave purée. Pourvu seulement que l’amas de patates soit baigné d’un jus gourmand, formant un lac de bonté. Approchez, approchez jeune dame, avez-vous assez de billes dans votre stylo pour coucher nos envies sans états d’âme?
Je choisissais d’entamer ma pitance par un œuf, qui de suite aspirait me conter meurette. Désirait-il voir ma mouillette de plus près? Le passage était dans tout les cas obligé. Quelle belle invention cette sauce au vin rouge, nappant la gamète avec la douceur d’une aérienne couette. Trop peu présente dans le Sud-Ouest, cette façon de consommer le fruit de la poule est un classique de l’art culinaire un peu plus à l’est. Profitons de cette exportation divine pour se lécher abondamment les babines. Le boudin, c’est pour qui?
Accordez-moi la permission de vous appeler mes gros cochons, car à cet instant-là, la familiarité se trouvait bien devant moi. Le boudin s’accorde avec la purée comme Roméo avec Juliette ou le bambou avec le panda. Je vous laisse imaginer mon bonheur de pouvoir me réchauffer à l’aide de ce poêle à joie. La charcuterie était belle, élégante même, semblable à l’étron d’un cheval princier. Assaisonné avec générosité, le boyau de sang réveillait mes papilles qui ne demandaient qu’à s’émerveiller. Je l’aime comme cela le noir, relevé et avec l’absence d’assipidité. De plus, riche en fer, il apporte le zinc que malheureusement certains comptoirs ont perdu. Nous avions à faire, mes loustics, à un authentique témoin de l’histoire de ma présente gloire. Tremperais-je allègrement le bout dans une purée maison sans sommation ? Demandez au chat s’il n’aime pas le lait…
La merveilleuse était aussi imbibée qu’un chronique à la sortie d’un PMU. L’ivresse était garantie par un suc qui depuis la cuisine, avait fait sa céleste mue. L’impression de contempler le Puy-de-Dôme légitimait le voyage, sans pour autant monter le chemin des Muletiers pour savourer le sommet tel un conquérant sans dopage. Que puis-je vous narrer d’autre, hormis que nous étions en présence d’un puit sent bon… Et croyez-moi que dans celui-là, nous tombons volontairement le bec le premier avec son boudin à ses côtés.