Menu
Retrouve moi aussi sur

Votre plume gourmande

Edit Template

Epicurisme autour des sardines grillées

Julien Fournier

L’été arrive doucement à son apogée, matérialisé par le fameux chassé-croisé entre juilletistes et aoûtiens. Mauvais temps sur le delta rhodanien. Bref, cela ne me concerne pas, préférant comme tous locaux d’un territoire assailli par les promeneurs à pantacourt, rester blotti contre mon extérieur de four. Si l’habitant du Cotentin en quête de vitamine D aime s’agglutiner et manger une crêpe douteuse sur nos fronts de mer, fin juillet, pour les miens, s’apparente plutôt à faire chauffer la poudrière. Que voulez-vous que je vous dise ? Que je suis écolo ? J’adore le charbon. Quitte à vous décevoir pour de bon, je ne vais pas non plus acheter ma laitue en vélo, préférant trouver une place au sein du magasin pour ma Clio. Passons sur mes bonnes pratiques pour revenir à notre roche sédimentaire à combustion, que la saison chaude appelle avec passion.

Si j’avance et que le barbecue recule, vais-je sentir la canicule ? Cela ne veut rien dire. Hormis que ce lundi, le soleil me chauffait autant que Sophie jadis à la fête de l’école. Ça tape fort ! Avec le patriarche, nous avions décidé de faire dorer des éléments marins sur un grill, malin. Le sapajou à expérience avait ramené des élégantes sardines, que nous projetions de gobichonner avec le respect pour le pêché. En effet, et Dieu merci, nous n’avions pas attendu la « chanson » du troubadour peroxydé de Corrèze pour entendre parler de la sardine, ce délicieux mets. M. Sébastien, venez avec nous les griller plutôt que les saccager. De plus, quelle beauté de pouvoir se délecter de cette gourmande vue, dans laquelle la poisse n’hésite pas à nous aguicher avec son ventre argenté. Doucement les coquines, on a pas encore de casserole au cul, mais un bon coup de canines !

Hasard ou pas pour les amateurs de rugby que nous sommes, ce sont quinze sardines qui bronzaient impassiblement devant nos yeux d’enfant. Nous les sentions apaisées, heureuses de pouvoir profiter d’un moment de détente tous frais payés. Personnellement, quand on m’offre un sauna, je me sens chanceux, alors un sauna à quinze copains, c’est plus que divin. Ces clupéidés-là vont assurément nous régaler. Légèrement huilés comme s’ils s’acheminaient vers un concours de culturisme, les poissons n’ont pas besoin d’un temps excessif de cuisson. L’œil du cuiseur iodé vaut mieux qu’une théorie d’un magazine avarié. En plus mesdames, sachez que si vous ne craignez pas trop la chaleur, les bêtes à nageoires peuvent se retourner par la queue.

Trois à quatre minutes maximum au-dessus du brasier et nous voici en famille contentée. Diable, que nos eaux côtières semblaient jouer la mère nourricière. Nous y attaquions avec les doigts, comme Strauss-Kahn durant ses plus beaux exploits. Les arêtes de la sardine sont fines et souples, comme la brindille qui scintille au petit matin. Nous les mettions ainsi avec facilité sur le côté, pour nous concentrer sur la chair estimée. Plus le gueuleton avançait et plus nos boudoirs sentaient la marée. Je ne sais si refouler la sardine est glorieux, mais cela nous rendait heureux. À la cinquième, je commençais à être nostalgique de ma première, et allait aux pêcheurs et à leurs futurs filets ma prière. Il était temps de se souvenir de ce joli banc.

Vous savez ce qui est aussi plaisant lorsque l’on gobichonne des mangeurs de plancton ? La ventripotente faim que nous aurons. Croûter du poisson à la mi-journée, c’est l’engagement d’avoir le soir une faim de goret. Les braises restantes ne seraient-elles d’ailleurs pas le témoignage d’un futur moment saignant… L’envie de voir mon boucher allait se faire si pressante, que je souhaitais aiguiser ma lame, avant de tout-à-l’heure, raviver la flamme.

Chroniques épicuriennes

Ton espace de convivialité

NAVIGATION

Liens Légaux

Retrouve moi sur

Site réalisé par Aranea